Vocabulaire du potier de terre en 1789 (suite)

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Encyclopédie Méthodique, Arts et métiers mécaniques.
Dédiés et présentés à Mr Lenoir Conseiller d'État,

Ancien Lieutenant général des polices &c.
A Paris chez Panckoucke, Libraire Hôtel de Thou, rue des Poitevins.
A Liège, chez Plomteux, Imprimeur des États.
Avec Approbation et Privilège du Roi.
Volume 8.
L'an M. DCC. LXXXIX. (1789)

 

 

VOCABULAIRE



DE L à Z
(suite de l'article da A à K :
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Maillet, ou masse de bois à long manche, dont la tête est armée de clous. Cet outil sert à battre le ciment.

Majolica ; c'est le nom qu'on donne en Italie à une espèce de poterie de terre ou de faïence fort belle qui se fabrique à Faenza. On dit que ce nom lui vient de Majolo son inventeur.

Manche, en terme de potier de terre , est une espèce de poignée arrondie, par laquelle on prend une pièce quelle qu'elle soit.

Marcher ; c'est fouler la terre avec les pieds quand elle a trempé pendant quelques jours dans de l'eau.

Mélange, en terme de potier, est proprement l'action de mêler la terre avec du sable, du ciment ou du mâche-fer. Le fournaliste fait toujours son mélange avec du mâche-fer.

Motte, masse de terre épluchée, marchée & prête à être mise sur le tour pour y prendre la forme d'un vaisseau.

Mouiller ; c'est l'action de tremper une pièce dans une terre délayée fort claire. On ne mouille que quand l'ouvrage est achevé, & peu de temps avant de mettre au four, pour empêcher l'action trop vive du feu.

Moule, (potier de terre). Les moules des faiseurs de fourneaux & de creusets sont de la même forme des creusets , c'est-à-dire , de la forme d'un cône tronqué : ils sont garnis de bras de bois pour les tenir & les tourner, lorsqu'il sont couverts de terre, & que l'ouvrier veut en même temps arrondir ou applatir son vaisseau.

Moule, c'est encore un morceau de bois tourné sur lequel on ébauche un ouvrage de poterie, profond comme un grand creuset.
On appelle aussi moule une espèce de quarré retrait dans les angles, dans lequel on moule le carreau dans chaque moule.
Les moules à briques, à carreaux d'âtre, & les chaufferettes, ne font point retraits dans leurs angles, & ne forment pas un quarré régulier.

Mouler ; c'est donner la forme à uue pièce sur des moules de la hauteur dont on veut la faire.

Moulin, en terme de potier de terre, est un tonneau ou un massif de plâtre ou de pierre , creux , dans le milieu duquel on voit une crapaudine qui reçoit l'extrémité de l'arbre d'une roue qui se tourne à la main dans ce massif. C'est dans le moulin que le potier broie ses couleurs.

Moussure, sont des espèces de barbes que le perçoir fait autour des trous.

Noix ; les potiers de terre appellent la noix de la roue sur laquelle ils tournent les ouvrages de poterie , l'arbre ou pivot qui lui sert comme d'essieu  & cela parce que la tête de cet arbre est presque ronde, & en forme de noix , à la réserve qu'elle est applatie par en haut, pour y placer le morceau de terre glaise qu'on veut travailler.

Oreille ; c'est une espèce de manche qui ne diffère du manche proprement dit, que par sa forme qui est arrondie sur le bout extérieur : l'oreille a le même usage que le manche.

Pain ; c'est proprement la terre en motte telle qu'elle vient chez le potier, qui ne lui a encore donné qu'une façon.

Palette, les potiers de terre fournalistes , c'est-à-dire , ceux qui ont été reçus à la cour des monnoies, pour faire exclusivement tous les fourneaux & creusets qu'on emploie à la fonte des métaux, ont diverses palettes de bois, qui sont presque leurs seuls instrumens pour dresser, battre & arrondir leur ouvrage.
Les plus grandes de ces palettes sont ovales avec un manche, en tout parfaitement semblables à la palette des enfans ; les autres sont rondes ou échancrées en forme triangulaire ; d'autres enfin sont faites à la manière d'un grand couteau , & ont une espèce de tranchant ; ces dernières servent à ôter & ratifier ce qu'il y a de trop sur les moules , ou aux ouvrages que les potiers font à la main , comme les fourneaux & les réchaux à blanchisseuses.

Paton : c'est une motte de terre ordinairement plus petite que les ballons , mais qui n'en diffère cependant que parce qu'elle ne contient que ce qu'il faut de terre pour faire une partie de telle ou telle pièce, comme un manche, une oreille, &c.

Payens ; ce sont deux pièces de bois qui ont diverses hoches ou entailles de distance en distance , sur lesquelles l'ouvrier pose ses pieds de chaque côté lorsqu'il tourne quelque vase , ou quelques autres ouvrages de poterie, sur la girelle de la grande roue.

Percer ; c'est faire des trous autour d'un réchaud & à fa grille, pour donner de l'air au feu.

Perçoir ; instrument de fer pointu avec lequel le potier fait des trous à des pièces de poterie.

Permette ; vase à l'usage des potiers de terre & des financiers.

Plane ; c'est un morceau de bois quarré & utile sur toutes ses faces, avec lequel le potier unit la terre dans les moules à carreau ou à brique.

Plomber ; c'est vernisser de la vaisselle de terre avec de la mine de plomb. Les potiers emploient ordinairement à cet usage de l'alquifoux ou plomb minéral, du plomb en poudre, qui se fait en jettant du charbon pilé dans du plomb en fusion , & des cendres de plomb, qui ne sont autre chose que son écume & ses fcories.

Plommer ; c'esl la même chose que plomber, c'est-à-dire vernisser la poterie de terre, parce que le vernis se donne avec du plomb , ou du moins des minéraux qui en tiennent lieu , & des drogues tirées de ce métal.

Potier de Terre, artisan qui travaille en vaisselle & autres ouvrages de terre. La communauté des maîtres potiers de terre est ancienne à Paris ; ils étoient érigés en corps de jurande & avoient des statuts bien avant le règne de Charles VII.

Poterie ; marchandise de pots & de vaisselle de terre ou de grès. Il fe fait en plusieurs endroits de France & des pays étrangers un grand négoce de poterie.

Rais ; ce mot signifie les quatre barres de fer qui suspendent & attachent la roue à la noix. Ces rais ne sont pas placés comme dans les roues ordinaires , mais pendent en lignes diagonales du haut de l'arbre ; ils ont deux usages, l'un de lier & de former la roue, l'autre de lui donner le mouvement lorsque l'ouvrier les pousse avec le tournoir.

Rebattre ; c'est l'action de polir & d'unir un ouvrage de poterie, que l'on a déjà battu à la main, sur le moule ; cela se fait avec une palette de bois.

Refrayer ; c'est rendre la vaisselle de terre plus unie , soit avec le doigt, soit autrement, avant que de la cuire.

Retouper ; c'est en terme de potier de terre, reprendre un ouvrage qui a été manqué.

Roue ; c'est un instrument sur lequel on façonne les grosses pièces qu'on ne peut travailler au tour.
C'est une grande roue dont les rayons s'élèvent de la circonférence jusqu'à une espèce de moyeu ou billot tournant aisément sur son pivot, & dont la surface est fort unie. Cette roue est mise en mouvement par le potier avec un bâton.

Rouleau ; c'est de la terre maniée en rond, de longueur ; ce qui la rend différente des ballons qui sont maniés en motte.

Scie ; les potiers nomment ainsi un fil-de-fer avec lequel ils détachent leur ouvrage de dessus le tour.

Sécher, est l'action de laisser évaporer l'eau que la terre renferme. Il faut, pour cette opération, éviter le soleil & le grand air qui feroient crevasser l'ouvrage , ainfi que le feu, si on l'y mettoit encore humide.

Siège ; c'est une planche un peu penchée en devant, placée derrière la roue, sur laquelle s'assied l'ouvrier quand il veut tourner un vase, ou quelqu'autre ouvrage de poterie. Cette planche a des deux côtés deux pièces de bois qu'on nomme des payens , qui sont fendues en hoches , de distance en distance , pour lui servir comme de marche-pied. C'est sur ces hoches que l'ouvrier met ses pieds lorsqu'il travaille, ce qui les lui tient fort écartés l'un de l'autre, pour qu'il ait plus de facilité à se servir du tournoir, avec lequel il donne le mouvement à sa roue : les payens sont mis en penchant aussi-bien que la planche.

Souder ; c'est l'action d'appliquer une partie au corps d'une pièce , comme corne, pied, manche , &c.

Terra ou Téra ; on nomme ainsi en terme de potier de terre, un auget de terre plein d'eau que ces ouvriers, quand ils travaillent quelqu'ouvrage à la roue, tiennent auprès d'eux pour y tremper de temps en temps leurs mains, & l'instrument qu'ils nomment une attelle , afin que la terre glaise ne s'y puisse attacher.

Terraille, poterie assez fine, jaunâtre ou grisâtre qui se fabrique à Escrome près le pont du Saint-Esprit, petite ville de France située sur le Rhône ; les faïenciers de Paris l'appellent terre du Saint-Esprit.

Terre à Feu ; on nomme ainsi une terre de poterie qui peut supporter sans se casser l'alternative subite du chaud & du froid.

Terrine ; ouvrage de poterie qui a le bord rond, qui est creux , qui n'a ni pieds, ni anses , & qui depuis le haut jusqu'au fond , va toujours en rétrécissant.

Tire-lire, sorte de petit pot de terre rond , creux & couvert, qui n'a qu'une petite fente par le haut ; on s'en sert à mettre de l'argent, dont on veut ignorer la somme ; & pour avoir cet argent, on est obligé de casser la tire-lire.

Tour. Les potiers de terre donnent ce nom à une des roues sur lesquelles ils tournent & forment les ouvrages de poterie qui doivent être de figure sphérique ; c'est sur ce tour que se font les petits ouvrages, les grands s'exécutent sur la roue.

Tournoir ; c'est un bâton de grosseur & de longueur convenable , & propre à tourner la roue en le poussant sur les raies de fer qui la soutiennent.

Trézalé ; ( porcelaine & poterie) se prend dans le même sens qu'en peinture. Une porcelaine & morceau de poterie est trézalé , lorsque la couverte s'est fendue & gercée. Il n'y a guère d'ustensiles de cuisine en terre vernissée , qui ne se trézale à la longue, ce qui prouve que la longueur & la violence du feu peuvent être compté parmi les causes de cet effet.

Vaucour ; les potiers de terre nomment vaucour une espèce de table ou de large planche , soutenue sur deux piliers, placés devant la roue dont ces ouvriers se servent pour tourner leurs ouvrages de poterie : c'est sur le vaucour qu'on prépare & qu'on arrange les morceaux de terre glaise.

Vernis ; espèce d'enduit brillant que l'on met sur les ouvrages de poterie & sur ceux de faïence. Le plomb sert à la vernissure de la première, & la potée pour vernisser l'autre.

Vernisser ; chez les potiers de terre , c'est donner à la poterie avec de l'alquifoux ou bien du plomb fondu, une espèce de croûte ou d'enduit lisse ou brillant. On dit pareillement vernisser la faïence, ce qui signifie se servir de la potée pour lui donner l'émail.

 

 

article de M. Bres



La première partie du "Vocabulaire du potier de terre" de A à L : voir article précèdent

 

 


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