Hommage à Robert Deblander
Un grand artiste vient de nous quitter. Il a influencé le monde de la céramique et marqué un tournant pour les hautes températures. Comme il l'a écrit : c'était un être « exigeant avec lui-même, et les autres » ; parrainant volontiers et avec bienveillance ceux qui souhaitaient s' aventurer sur les sentiers de la création et de l'argile. Certains l'ont connus - d'autres comme moi - n'ont côtoyé que ses oeuvres, mais quelle rencontre!
Afa
Extrait d'un texte « Postlude » de Robert Deblander issu du livre « Robert Deblander, L'oeuvre céramique de 1951-2001 » de Antoinette Faÿ-Hallé, Les Éditions la revue de la céramique et du verre octobre 2001 (commande : http://www.revue-ceramique-verre.com/ )
« Un parcours céramique. Il ne veut rien démontrer, à peine montrer, tout juste témoigner, au sens le plus simple. Cinquante années de céramique, c'est vaguement émouvant. Dans cette production, doit-on dire cette oeuvre? c'est la variété apparente qui frappe les gens ; ce qui me frappe, c'est sa régularité, sa continuité, son unité.
Je crois qu'on ne change jamais, ce qui change ce sont les alentours, de gré ou de force nous nous adaptons. Ce n'est pas soumission, c'est plutôt résistance, qui est une forme d'adaptation, positive, au jour le jour. La création aussi. Résister dans notre fragile forteresse et « commercer » avec le monde, avec les autres, pour survivre.
Les formes, les couleurs, les argiles, les modalités de cuisson se succédèrent, reflétant, déformant, reformant ce que les autres, que nous avons admiré, ont fait avant nous, les réfutant sans savoir qu'on le fait avec amour. On ne va pas plus loin, on va progressivement ailleurs. Ailleurs.
Tout cela parce qu'un demi-hasard me conduisit à St Amand en Puisaye : pour la première fois de ma vie j'ai vu un potier prendre une masse de terre et construire une poterie sur son tour en quelques minutes. Je ne voyais pas tant le pot que la magie du faire. Je n'ai eu de regard pour la Poterie que plus tard, quand j'ai découvert cet art secret, modeste, ignoré, des traditionnels, des Chypriotes, des Gaulois de Limagne, des tourneurs de cruche en grès, des faïenciers italiens, des Chinois et des Japonais, bien sûr.
Aux écoles, à l'École (Arts Déco) je n'avais rien appris de concret, hélas! juste à être exigeant avec moi-même, et les autres.
Non seulement je voyais cet homme faire quelque chose, mais, de plus avec une merveilleuse (et trompeuse!) facilité, sans outils bruyants, sans dessins complexes, sans intermédiaires, sans attente, l'objet était là quasi achevé. Je ne pensais pas alors au four, aux émaux, aux savoir-faire seconds. Le réel venait d'entrer dans ma vie. De mes simples doigts j'allais bâtir autour de ce vide auquel je me heurtais depuis des mois, des années, j'allais le saisir, lui donner forme et il prendrait l'image que je voudrais bien lui accorder. Une simple enveloppe d'argile, tout était dit.(...) »
Robert Deblander
début St Amand, grande pièce tournée, hauteur 59cm ©dg
mission onu ©dg
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"La plupart des gens pensent qu'il est préférable d'être sculpteur ou peintre plutôt que céramiste. Ils estiment que le grès ou la porcelaine sont simplement destinés à faire de la vaisselle ou des objets de décoration et que de toute façon, il s'agit là d'un art mineur. Pour moi, ils ne sont ni utilitaires, ni décoratifs, c'est-à-dire des ornements du cadre de vie : pour moi, ils sont la vie elle-même."
Robert Deblander
Citation issue de « Robert Deblander, L'oeuvre céramique de 1951-2001 »
de Antoinette Faÿ-Hallé,Les Éditions la revue de la céramique et du verre, octobre 2001
Quelques liens pour mieux le connaître ou le garder dans notre mémoire :