Mythe d'argile (1) : Prométhée
Nicolas-Sébastien Adam, Prométhée enchaîné, 1762, musée du Louvre (photo domaine public)
Texte de Platon extrait de "Protagoras" (philosophe grec né vers 428/427 av. J.C. - mort en 347/346 av. J.-C.) :
« C'était au temps où les Dieux existaient, mais où n'existaient pas les races mortelles. Or, quand est arrivé pour celles-ci le temps où la destinée les appelait aussi à l'existence, à ce moment les Dieux les modèlent en dedans de la terre, en faisant un mélange de terre, de feu et de tout ce qui encore peut se combiner avec le feu et la terre. Puis, quand ils voulurent les produire à la lumière, ils prescrivirent à Prométhée et à Epiméthée de les doter de qualités, en distribuant ces qualités à chacune de la façon convenable. Mais Epiméthée demande alors à Prométhée de lui laisser faire tout seul cette distribution : "Une fois la distribution faite par moi, dit-il, à toi de contrôler !" La -dessus, ayant convaincu l'autre, le distributeur se met à l’œuvre.
En distribuant les qualités, il donnait à certaines races la force sans la vélocité ; d'autres, étant plus faibles étaient par lui dotées de vélocité ; il armait les unes, et, pour celles auxquelles il donnait une nature désarmée, il imaginait en vue de leur sauvegarde quelque autre qualité : aux races, en effet, qu'il habillait en petite taille, c'était une fuite ailée ou un habitat souterrain qu'il distribuait ; celles dont il avait grandi la taille, c'était par cela même aussi qu'il les sauvegardait. De même, en tout, la distribution consistait de sa part à égaliser les chances, et, dans tout ce qu'il imaginait, il prenait ses précautions pour éviter qu'aucune race ne s'éteignit.
Mais, une fois qu'il leur eut donné le moyen d'échapper à de mutuelles destructions, voilà qu'il imaginait pour elles une défense commode à l'égard des variations de température qui viennent de Zeus : il les habillait d'une épaisse fourrure aussi bien que de solides carapaces, propres à les protéger contre le froid, mais capables d'en faire autant contre les brûlantes chaleurs ; sans compter que, quand ils iraient se coucher, cela constituerait aussi une couverture, qui pour chacun serait la sienne et qui ferait naturellement partie de lui-même ; il chaussait telle race de sabots de corne, telle autre de griffes solides et dépourvues de sang. En suite de quoi, ce sont les aliments qu'il leur procurait, différents pour les différentes races pour certaines l'herbe qui pousse de la terre, pour d'autres, les fruits des arbres, pour d'autres, des racines ; il y en a auxquelles il a accordé que leur aliment fût la chair des autres animaux, et il leur attribua une fécondité restreinte, tandis qu'il attribuait une abondante fécondité à celles qui se dépeuplaient ainsi, et que, par là , il assurait une sauvegarde à leur espèce.
Mais, comme (chacun sait cela) Epiméthée n'était pas extrêmement avisé, il ne se rendit pas compte que, après avoir ainsi gaspillé le trésor des qualités au profit des êtres privés de raison, il lui restait encore la race humaine qui n'était point dotée ; et il était embarrassé de savoir qu'en faire. Or, tandis qu'il est dans cet embarras, arrive Prométhée pour contrôler la distribution ; il voit les autres animaux convenablement pourvus sous tous les rapports, tandis que l'homme est tout nu, pas chaussé, dénué de couvertures, désarmé. Déjà , était même arrivé cependant le jour où ce devait être le destin de l'homme, de sortir à son tour de la terre pour s'élever à la lumière. Alors Prométhée, en proie à l'embarras de savoir quel moyen il trouverait pour sauvegarder l'homme, dérobe à Héphaïstos et à Athéna le génie créateur des arts, en dérobant le feu (car, sans le feu, il n'y aurait moyen pour personne d'acquérir ce génie ou de l'utiliser) ; et c'est en procédant ainsi qu'il fait à l'homme son cadeau. Voilà donc comment l'homme acquit l'intelligence qui s'applique aux besoins de la vie. Mais l'art d'administrer les Cités, il ne le posséda pas !
Cet art en effet était chez Zeus. Mais il n'était plus possible alors à Prométhée de pénétrer dans l'acropole qui était l'habitation de Zeus, sans parler des redoutables gardes du corps que possédait Zeus. En revanche, il pénètre subrepticement dans l'atelier qui était commun à Athéna et à Héphaïstos et où tous deux pratiquaient leur art, et, après avoir dérobé l'art de se servir du feu, qui est celui d'Héphaïstos, et le reste des arts, ce qui est le domaine d'Athéna, il en fait présent à l'homme. Et c'est de là que résultent, pour l'espèce humaine, les commodités de la vie, mais, ultérieurement, pour Prométhée, une poursuite, comme on dit, du chef de vol, à l'instigation d'Epiméthée !
Or, puisque l'homme a eu sa part du lot Divin, il fut, en premier lieu le seul des animaux à croire à des Dieux ; il se mettait à élever des autels et des images de Dieux. Ensuite, il eut vite fait d'articuler artistement les sons de la voix et les parties du discours. Les habitations, les vêtements, les chaussures, les couvertures, les aliments tirés de la terre, furent, après cela, ses inventions. Une fois donc qu'ils eurent été équipés de la sorte, les hommes, au début, vivaient dispersés: il n'y avait pas de cités ; ils étaient en conséquence détruits par les bêtes sauvages, du fait que, de toute manière, ils étaient plus faibles qu'elles ; et, si le travail de leurs arts était un secours suffisant pour assurer leur entretien, il ne leur donnait pas le moyen de faire la guerre aux animaux ; car ils ne possédaient pas encore l'art politique, dont l'art de la guerre est une partie.
Aussi cherchaient-ils à se grouper, et, en fondant des cités, à assurer leur salut. Mais, quand ils se furent groupés, ils commettaient des injustices les uns à l'égard des autres, précisément faute de posséder l'art d'administrer les cités ; si bien que, se répandant à nouveau de tous côtés, ils étaient anéantis. Aussi Zeus de peur que notre espèce n'en vient à périr toute entière envoie Hermès apporter à l'humanité la Vergogne et la Justice pour constituer l'ordre des cités et les liens d'amitié qui rassemblent les hommes. Hermès demande alors à Zeus de quelle façon il doit faire don aux hommes de la Justice et de la Vergogne "dois je repartir de la manière dont les art l'ont été?" leur répartition a été opérée comme suit : un seul homme qui possède l’art de la médecine suffit pour un grand nombre de profanes et il en est de même pour les autres partisans. Dois je repartir ainsi la Justice et la Vergogne entre les hommes? ou dois je les repartir entre tous? Zeus répondit "repartis les entre tous et que tous y prennent part car il ne pourrait y avoir des cités si seul un petit nombre d'hommes y prenaient part comme c'est le cas pour les autres arts; et instaure en mon nom la loi suivante: qu'on mettre à mort comme un fléau de la cité, l'homme qui se montre incapable de prendre part à la Vergogne et à la Justice. »
Texte de Eschyle (dramaturge grec né vers 526 avant J.-C., mort en 456)
" Aussitôt assis sur le trône paternel, sans retard, il répartit les divers privilèges entre les divers dieux et commence à fixer les rangs dans son empire. Mais aux malheureux mortels, pas un moment il ne songea. Il en voulait au contraire anéantir la race, afin d’en créer une toute nouvelle. A ce projet nul ne s’opposait, que moi. Seul, j’ai eu cette audace ; j’ai libéré les hommes et fait qu’ils ne sont pas descendus, écrasés, dans l’Hadès... "
"(les hommes)...voyaient sans voir, écoutaient sans entendre. Pareils aux fantômes des songes, ils vivaient leur longue existence dans le désordre et la confusion. Ils ne savaient se servir ni de briques ni de charpente pour construire des maisons éclairées par le soleil. Et, cachés sous terre, ils habitaient, comme l'agile fourmi les retraites profondes de leurs antres obscurs. Nul signe certain ne leur faisait distinguer l'hiver, ni le printemps fleuri, ni l'été des moissons, ni l'automne des fruits. Sans réflexion ils faisaient tout au hasard, jusqu'au moment où je leur fis observer le lever des astres, et leur coucher, plus difficile encore à connaître. Pour eux, je fis la plus belle découverte, celle des nombres ; j'ai trouvé la combinaison des lettres et l'usage de la mémoire, mère des muses créatrices de tous les arts. C'est moi qui le premier ai soumis au joug le boeuf sauvage, afin qu'il fût esclave et que, par la force de son corps, il succédât aux hommes, dans leurs plus pénibles travaux. Par moi les coursiers dociles au frein ont été attelés aux chars, ornement du luxe que permet une richesse démesurée. Nul autre que moi n'a inventé ces voitures aux ailes de lin qui parcourent les mers... Avant moi, et c'est ici mon bienfait le plus grand, étaient-ils attaqués de quelque maladie, nul remède pour eux, ni aliment, ni huile pour leur corps, ni boisson. Il dépérissaient faute de remède, avant que je leur eusse enseigné ces compositions salutaires qui les préservent de tous les maux. J'ai réglé les différents genres de divination. Le premier j'ai distingué, pari les songes, les visions véritables, expliqué les pronostics difficiles, et les présages qu'on rencontre en chemin... Ce n'est pas tout : ces biens utiles, cachés dans la terre, l'airain, le fer, l'argent et l'or, qui se vantera de les avoir découverts avant moi ?.. En un mot, sache que les humains doivent tous les arts à Prométhée."
Définition de Prométhée (Wikipédia) :
D'après la Théogonie d'Hésiode, c'est Prométhée qui créa les hommes à partir d'une motte d'argile et qui, malgré l'opposition de Zeus, leur enseigna la métallurgie et d'autres arts. Après la victoire des nouveaux dieux dirigés par Zeus sur les Titans, Prométhée leur donna aussi le feu, qu'il leur avait dérobé, et entra de ce fait en conflit avec Zeus. Celui-ci, par vengeance, le fit enchaîner sur le mont Caucase pour y avoir chaque jour le foie dévoré par un aigle.
Héraclès le délivra au cours de ses douze travaux mais pour ne pas déroger au serment de Zeus qui avait juré que le Titan resterait à jamais enchaîné au Caucase, Prométhée dut porter durant toute sa vie une bague de fer provenant de ses chaînes, accolée à un morceau de pierre du Caucase.
Prométhée devint immortel grâce au centaure Chiron : celui-ci, blessé accidentellement par les flèches empoisonnées d’Héraclès, ne supportant plus la souffrance mais ne pouvant ni guérir ni mourir, troqua son immortalité contre sa mortalité, avec l’autorisation de Zeus. Ce dernier était, en effet, reconnaissant envers Prométhée de lui avoir prédit que s’il avait épousé la néréide Thétis, le fils qu’ils auraient eu ensemble aurait été plus puissant que lui et l'aurait détrôné.
« C'était au temps où les Dieux existaient, mais où n'existaient pas les races mortelles. Or, quand est arrivé pour celles-ci le temps où la destinée les appelait aussi à l'existence, à ce moment les Dieux les modèlent en dedans de la terre, en faisant un mélange de terre, de feu et de tout ce qui encore peut se combiner avec le feu et la terre. Puis, quand ils voulurent les produire à la lumière, ils prescrivirent à Prométhée et à Epiméthée de les doter de qualités, en distribuant ces qualités à chacune de la façon convenable. Mais Epiméthée demande alors à Prométhée de lui laisser faire tout seul cette distribution : "Une fois la distribution faite par moi, dit-il, à toi de contrôler !" La -dessus, ayant convaincu l'autre, le distributeur se met à l’œuvre.
En distribuant les qualités, il donnait à certaines races la force sans la vélocité ; d'autres, étant plus faibles étaient par lui dotées de vélocité ; il armait les unes, et, pour celles auxquelles il donnait une nature désarmée, il imaginait en vue de leur sauvegarde quelque autre qualité : aux races, en effet, qu'il habillait en petite taille, c'était une fuite ailée ou un habitat souterrain qu'il distribuait ; celles dont il avait grandi la taille, c'était par cela même aussi qu'il les sauvegardait. De même, en tout, la distribution consistait de sa part à égaliser les chances, et, dans tout ce qu'il imaginait, il prenait ses précautions pour éviter qu'aucune race ne s'éteignit.
Mais, une fois qu'il leur eut donné le moyen d'échapper à de mutuelles destructions, voilà qu'il imaginait pour elles une défense commode à l'égard des variations de température qui viennent de Zeus : il les habillait d'une épaisse fourrure aussi bien que de solides carapaces, propres à les protéger contre le froid, mais capables d'en faire autant contre les brûlantes chaleurs ; sans compter que, quand ils iraient se coucher, cela constituerait aussi une couverture, qui pour chacun serait la sienne et qui ferait naturellement partie de lui-même ; il chaussait telle race de sabots de corne, telle autre de griffes solides et dépourvues de sang. En suite de quoi, ce sont les aliments qu'il leur procurait, différents pour les différentes races pour certaines l'herbe qui pousse de la terre, pour d'autres, les fruits des arbres, pour d'autres, des racines ; il y en a auxquelles il a accordé que leur aliment fût la chair des autres animaux, et il leur attribua une fécondité restreinte, tandis qu'il attribuait une abondante fécondité à celles qui se dépeuplaient ainsi, et que, par là , il assurait une sauvegarde à leur espèce.
Mais, comme (chacun sait cela) Epiméthée n'était pas extrêmement avisé, il ne se rendit pas compte que, après avoir ainsi gaspillé le trésor des qualités au profit des êtres privés de raison, il lui restait encore la race humaine qui n'était point dotée ; et il était embarrassé de savoir qu'en faire. Or, tandis qu'il est dans cet embarras, arrive Prométhée pour contrôler la distribution ; il voit les autres animaux convenablement pourvus sous tous les rapports, tandis que l'homme est tout nu, pas chaussé, dénué de couvertures, désarmé. Déjà , était même arrivé cependant le jour où ce devait être le destin de l'homme, de sortir à son tour de la terre pour s'élever à la lumière. Alors Prométhée, en proie à l'embarras de savoir quel moyen il trouverait pour sauvegarder l'homme, dérobe à Héphaïstos et à Athéna le génie créateur des arts, en dérobant le feu (car, sans le feu, il n'y aurait moyen pour personne d'acquérir ce génie ou de l'utiliser) ; et c'est en procédant ainsi qu'il fait à l'homme son cadeau. Voilà donc comment l'homme acquit l'intelligence qui s'applique aux besoins de la vie. Mais l'art d'administrer les Cités, il ne le posséda pas !
Cet art en effet était chez Zeus. Mais il n'était plus possible alors à Prométhée de pénétrer dans l'acropole qui était l'habitation de Zeus, sans parler des redoutables gardes du corps que possédait Zeus. En revanche, il pénètre subrepticement dans l'atelier qui était commun à Athéna et à Héphaïstos et où tous deux pratiquaient leur art, et, après avoir dérobé l'art de se servir du feu, qui est celui d'Héphaïstos, et le reste des arts, ce qui est le domaine d'Athéna, il en fait présent à l'homme. Et c'est de là que résultent, pour l'espèce humaine, les commodités de la vie, mais, ultérieurement, pour Prométhée, une poursuite, comme on dit, du chef de vol, à l'instigation d'Epiméthée !
Or, puisque l'homme a eu sa part du lot Divin, il fut, en premier lieu le seul des animaux à croire à des Dieux ; il se mettait à élever des autels et des images de Dieux. Ensuite, il eut vite fait d'articuler artistement les sons de la voix et les parties du discours. Les habitations, les vêtements, les chaussures, les couvertures, les aliments tirés de la terre, furent, après cela, ses inventions. Une fois donc qu'ils eurent été équipés de la sorte, les hommes, au début, vivaient dispersés: il n'y avait pas de cités ; ils étaient en conséquence détruits par les bêtes sauvages, du fait que, de toute manière, ils étaient plus faibles qu'elles ; et, si le travail de leurs arts était un secours suffisant pour assurer leur entretien, il ne leur donnait pas le moyen de faire la guerre aux animaux ; car ils ne possédaient pas encore l'art politique, dont l'art de la guerre est une partie.
Aussi cherchaient-ils à se grouper, et, en fondant des cités, à assurer leur salut. Mais, quand ils se furent groupés, ils commettaient des injustices les uns à l'égard des autres, précisément faute de posséder l'art d'administrer les cités ; si bien que, se répandant à nouveau de tous côtés, ils étaient anéantis. Aussi Zeus de peur que notre espèce n'en vient à périr toute entière envoie Hermès apporter à l'humanité la Vergogne et la Justice pour constituer l'ordre des cités et les liens d'amitié qui rassemblent les hommes. Hermès demande alors à Zeus de quelle façon il doit faire don aux hommes de la Justice et de la Vergogne "dois je repartir de la manière dont les art l'ont été?" leur répartition a été opérée comme suit : un seul homme qui possède l’art de la médecine suffit pour un grand nombre de profanes et il en est de même pour les autres partisans. Dois je repartir ainsi la Justice et la Vergogne entre les hommes? ou dois je les repartir entre tous? Zeus répondit "repartis les entre tous et que tous y prennent part car il ne pourrait y avoir des cités si seul un petit nombre d'hommes y prenaient part comme c'est le cas pour les autres arts; et instaure en mon nom la loi suivante: qu'on mettre à mort comme un fléau de la cité, l'homme qui se montre incapable de prendre part à la Vergogne et à la Justice. »
Texte de Eschyle (dramaturge grec né vers 526 avant J.-C., mort en 456)
" Aussitôt assis sur le trône paternel, sans retard, il répartit les divers privilèges entre les divers dieux et commence à fixer les rangs dans son empire. Mais aux malheureux mortels, pas un moment il ne songea. Il en voulait au contraire anéantir la race, afin d’en créer une toute nouvelle. A ce projet nul ne s’opposait, que moi. Seul, j’ai eu cette audace ; j’ai libéré les hommes et fait qu’ils ne sont pas descendus, écrasés, dans l’Hadès... "
"(les hommes)...voyaient sans voir, écoutaient sans entendre. Pareils aux fantômes des songes, ils vivaient leur longue existence dans le désordre et la confusion. Ils ne savaient se servir ni de briques ni de charpente pour construire des maisons éclairées par le soleil. Et, cachés sous terre, ils habitaient, comme l'agile fourmi les retraites profondes de leurs antres obscurs. Nul signe certain ne leur faisait distinguer l'hiver, ni le printemps fleuri, ni l'été des moissons, ni l'automne des fruits. Sans réflexion ils faisaient tout au hasard, jusqu'au moment où je leur fis observer le lever des astres, et leur coucher, plus difficile encore à connaître. Pour eux, je fis la plus belle découverte, celle des nombres ; j'ai trouvé la combinaison des lettres et l'usage de la mémoire, mère des muses créatrices de tous les arts. C'est moi qui le premier ai soumis au joug le boeuf sauvage, afin qu'il fût esclave et que, par la force de son corps, il succédât aux hommes, dans leurs plus pénibles travaux. Par moi les coursiers dociles au frein ont été attelés aux chars, ornement du luxe que permet une richesse démesurée. Nul autre que moi n'a inventé ces voitures aux ailes de lin qui parcourent les mers... Avant moi, et c'est ici mon bienfait le plus grand, étaient-ils attaqués de quelque maladie, nul remède pour eux, ni aliment, ni huile pour leur corps, ni boisson. Il dépérissaient faute de remède, avant que je leur eusse enseigné ces compositions salutaires qui les préservent de tous les maux. J'ai réglé les différents genres de divination. Le premier j'ai distingué, pari les songes, les visions véritables, expliqué les pronostics difficiles, et les présages qu'on rencontre en chemin... Ce n'est pas tout : ces biens utiles, cachés dans la terre, l'airain, le fer, l'argent et l'or, qui se vantera de les avoir découverts avant moi ?.. En un mot, sache que les humains doivent tous les arts à Prométhée."
Définition de Prométhée (Wikipédia) :
D'après la Théogonie d'Hésiode, c'est Prométhée qui créa les hommes à partir d'une motte d'argile et qui, malgré l'opposition de Zeus, leur enseigna la métallurgie et d'autres arts. Après la victoire des nouveaux dieux dirigés par Zeus sur les Titans, Prométhée leur donna aussi le feu, qu'il leur avait dérobé, et entra de ce fait en conflit avec Zeus. Celui-ci, par vengeance, le fit enchaîner sur le mont Caucase pour y avoir chaque jour le foie dévoré par un aigle.
Héraclès le délivra au cours de ses douze travaux mais pour ne pas déroger au serment de Zeus qui avait juré que le Titan resterait à jamais enchaîné au Caucase, Prométhée dut porter durant toute sa vie une bague de fer provenant de ses chaînes, accolée à un morceau de pierre du Caucase.
Prométhée devint immortel grâce au centaure Chiron : celui-ci, blessé accidentellement par les flèches empoisonnées d’Héraclès, ne supportant plus la souffrance mais ne pouvant ni guérir ni mourir, troqua son immortalité contre sa mortalité, avec l’autorisation de Zeus. Ce dernier était, en effet, reconnaissant envers Prométhée de lui avoir prédit que s’il avait épousé la néréide Thétis, le fils qu’ils auraient eu ensemble aurait été plus puissant que lui et l'aurait détrôné.